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J’ai participé aujourd’hui à des échanges sur Facebook, où une internaute avait écrit : « Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font », et un internaute avait répondu : « Ne leur pardonne pas, parce qu’ils savent ce qu’ils font ».

« Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font » est l’une des dernières paroles de Jésus sur la Croix (Luc, 23, 33). Cet internaute catholique refusait d’appliquer cette prière de Jésus aux islamistes ayant commis les attentats de Paris, car pour lui, affirmer qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient revenait à dire que tout leur était permis du fait de leur ignorance. Loin de moi cette idée !

Bougies tout autour de l'écriteau « Pray for Paris », suite aux attentats

Je pense effectivement que les terroristes, en particulier les kamikazes, ne savent pas ce qu’ils font. S’ils n’étaient pas absolument certains de servir Dieu et d’être promis au Paradis pour avoir fait le bien, ils ne se feraient pas sauter eux-mêmes, ou ils ne se mettraient pas en situation de se faire tuer de façon certaine par les forces de l’ordre.

Pour autant, je n’excuse pas leurs actes ! Je pense que l’on n’en arrive pas à un tel degré de haine uniquement pas ignorance, je pense qu’il y a forcément à certains moments des complicités avec le mal, pour en arriver là.

Jésus a dit aussi : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament. » (Luc 6, 27-28). Dire à Dieu : « Ne leur pardonne pas », c’est une forme de malédiction. Prier pour le pardon de ceux qui nous haïssent, c’est leur faire du bien.

Mais que veut dire Jésus quand il dit : « Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font » ? Prier pour que Dieu pardonne à quelqu’un, ce n’est pas prier pour que Dieu ouvre son cœur, c’est prier pour que la personne coupable accueille le pardon. Dieu ne refuse le pardon à personne, ce sont les êtres humains qui se ferment au pardon, qui se mettent hors d’état de le recevoir. Alors demander : « Père, pardonne-leur : ils ne savent ce qu’ils font », cela revient à demander la conversion de nos ennemis, cela revient à prier pour qu’ils ouvrent enfin leurs cœurs au Dieu d’amour. Pas nécessairement une conversion aboutissant à un changement de religion, mais une conversion de l’âme conduisant à être plus unis à Jésus, sans forcément le savoir.

Mais pardonner, cela ne veut pas dire tout recommencer comme si rien ne s’était passé. Même la confession, qui nous permet d’être entièrement pardonnés, n’efface pas toutes les conséquences de nos péchés. Et si nous avons la possibilité de réparer nos torts, le prêtre ne nous donnera l’absolution qu’à condition que nous soyons décidés à faire tout ce que nous pouvons.

Donc même si nous obtenons que Dieu pardonne aux terroristes meurtriers, c’est-à-dire si ceux-ci ouvrent leurs cœurs à l’amour du vrai Dieu, cela ne veut pas dire que ceux qui ont survécu ne doivent pas aller en prison pour le reste de leur vie. Cela ne veut pas dire qu’ils ne vont pas souffrir. Sainte Clotilde, qui avait commandité des meurtres après la mort de son époux Clovis, a fini ses jours dans un couvent à pleurer ses péchés.

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