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Les degrés d’autorité du Magistère de l’Église

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Les catholiques doivent-ils toujours obéir à l’Église ? Sont-ils des moutons bêtement engraissés, ou des enfants correctement nourris par la Parole de Dieu vivante et vivifiante ?

L’Église continue la mission du Christ sur la terre, en particulier sa mission d’annonce de la Bonne Nouvelle. Porteuse de la Révélation, la première mission de l’Église est donc elle aussi d’annoncer le Christ à tous les peuples. L’ensemble de la doctrine catholique s’appelle le Magistère.

Le Magistère de l’Église comporte deux degrés d’autorité délimités de manière claire et définitive.

– les dogmes, qui sont des énoncés à croire sans réserve, en matière de foi et de morale, comme étant révélés par Dieu (Dei Verbum 10) et les déclarations du pape lorsqu’il exerce — très rarement — son charisme d’infaillibilité

– le magistère ordinaire, c’est-à-dire les enseignements habituels du pape et des évêques

I.  Les dogmes

La plupart des dogmes figurent dans la Sainte Écriture. On peut citer l’existence de Dieu, les prescriptions du Décalogue, la Résurrection de Jésus, la vie après la mort, et beaucoup d’autres encore.

L’Église peut, de plus, avec l’autorité que lui a donné Dieu, définir des dogmes qui ne figurent pas explicitement dans la Parole de Dieu.

Ainsi l’Église a défini pendant les Conciles des cinq premiers siècles le dogme de la Trinité, le dogme selon lequel le Père et le Fils sont de même substance, le dogme selon lequel Marie est Mère de Dieu, le dogme selon lequel le Christ est substantiellement présent dans l’Eucharistie (transsubstantiation) etc. Ainsi, tous les énoncés des deux Credo1 sont dogmatiques.

Seules deux instances ont l’autorité divine pour définir des dogmes : le pape seul d’une part, et les conciles (pape et évêques réunis) d’autre part. Ils l’ont fait de nombreuses fois au cours de l’histoire (cf. Code de droit canonique de 1983, canon 7492).

Depuis le Concile de Trente (1563), seuls trois dogmes et deux textes dits dogmatiques ont été définis. Aucune autre proclamation que ces cinq-là, depuis 1563, n’a donc un caractère dogmatique.

Pour donner des exemples, voici les textes, condensés, des définitions de 1870 et de 1950. Je laisse de côté la définition de l’Immaculée Conception de 1854.

En 1870, ce fut le dogme de l’infaillibilité pontificale défini par Pie IX (Pastor Aeternus) au cours du Concile Vatican I.

« Nous enseignons et définissons comme un dogme révélé de Dieu :

Le Pontife romain, lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, définit qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l’Église, il jouit de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les moeurs. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème. »

En 1950, ce fut le dogme l’Assomption déclaré par Pie XII (Munificentissimus Deus).

« Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste. C’est pourquoi, si quelqu’un – ce qu’à Dieu ne plaise – osait volontairement nier ou mettre en doute ce que Nous avons défini, qu’il sache qu’il a fait complètement défection dans la foi divine et catholique. »

Remarquons deux points communs dans ces proclamations :

– Les deux textes annoncent explicitement qu’ils proclament un dogme. Cela est conforme à la règle selon laquelle il n’y a pas de dogme si le texte dogmatique ne dit pas lui-même qu’il a le statut de dogme. De même pour les rares autres occasions où le pape exerce son infaillibilité : il faut qu’il le dise.

– Le texte se termine par une formule excluant de l’Église catholique celui qui refuserait de croire au dogme proclamé.

Le caractère vrai ou faux d’un dogme n’est donc pas discutable pour un catholique. S’il lui semble difficile à admettre, c’est à lui d’entrer dans l’intelligence du dogme, et non au dogme de se plier aux objections de celui qui ne le comprend pas. Celui qui ne croit pas en un dogme de l’Église catholique n’est donc pas catholique, il s’exclut lui-même de la communion de l’Église (Cf. Canon 7503).

Le Concile Vatican II a également émis deux textes (dits « constitutions ») proclamées explicitement comme dogmatiques dans leur titre : Lumen Gentium (1964) et Dei Verbum (1965).

La Constitution dogmatique sur l'Église, Concile Vatican II

C’est un exemple du principe selon lequel des dogmes peuvent être proclamés, non seulement par le pape seul, mais aussi par les évêques réunis en concile, en communion avec le pape.

II.  Le magistère ordinaire de l’Église

Le Catéchisme de l’Église Catholique §892 énonce ceci :

« L’assistance divine est encore donnée aux successeurs des apôtres, enseignant en communion avec le successeur de Pierre, lorsque, sans arriver à une définition infaillible et sans se prononcer d’une “manière définitive”, ils proposent dans l’exercice du Magistère ordinaire un enseignement qui conduit à une meilleure intelligence de la Révélation en matière de foi et de mœurs.

À cet enseignement ordinaire les fidèles doivent “donner l’assentiment religieux de leur esprit” (Lumen Gentium 25) qui, s’il se distingue de l’assentiment de la foi, le prolonge cependant. »

Le magistère ordinaire s’exprime ainsi par l’enseignement du pape, des conciles et des évêques, sous toutes sortes de formes : constitutions, encycliques, exhortations, lettres, homélies, discours, audiences, messages, lettres, déclarations, décrets…

Ces textes ont des degrés d’autorité différents qu’il convient de connaître pour savoir quelle genre d’attitude l’on doit adopter en les lisant(Voir articles du Code de droit canonique ci-dessous).

Les fidèles sont donc invités à supposer que ces enseignements sont vrais, jusqu’à preuve du contraire. C’est aux fidèles de chercher à comprendre les vérités contenues dans ce magistère, ils doivent d’abord considérer que ces enseignements sont vrais, mais il leur est permis prudemment, de considérer certains énoncés comme n’étant pas parfaitement exacts, pour des raisons sérieuses et argumentées, pas sur un « feeling » quelconque.

Conclusion

Les fils de l’Église catholique ont la chance d’avoir un corpus de doctrine qui ne dépend pas de leurs idées personnelles sur Dieu, et plus globalement la foi et la morale. L’Église, comme une mère, comme Jésus, enseigne ses enfants avec une grande pédagogie.

Elle les encourage à réfléchir eux-mêmes avec beaucoup de sérieux sur le contenu de la foi, mais elle leur donne un cadre pour mener cette réflexion, comme les berges d’un fleuve, qui lui permet d’avoir son débit maximum tout en lui évitant de se perdre en inondations destructrices.

Nous rendons grâce à Dieu qui veut que « tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1ère Lettre de Paul à Timothée 2, 4)

Note 1 : Les Credo sont des textes qui énoncent les dogmes les plus fondamentaux. Les plus connus sont le Credo dit de Nicée-Constantinople et le Credo dit des Apôtres.

Note 2 : La définition de l’infaillibilité dans le Code de droit canonique :

Canon. 749 – § 1. Le Pontife Suprême, en vertu de sa charge, jouit de l’infaillibilité dans le magistère lorsque, comme Pasteur et Docteur suprême de tous les fidèles auquel il appartient de confirmer ses frères dans la foi, il proclame par un acte décisif une doctrine à tenir sur la foi ou les moeurs.

        § 2. Le Collège des Évêques jouit lui aussi de l’infaillibilité dans le magistère lorsque les Évêques assemblés en Concile œcuménique exercent le magistère comme docteurs et juges de la foi et des moeurs, et déclarent pour l’Église tout entière qu’il faut tenir de manière définitive une doctrine qui concerne la foi ou les moeurs; ou bien encore lorsque les Évêques, dispersés à travers le monde, gardant le lien de la communion entre eux et avec le successeur de Pierre, enseignant authentiquement en union avec ce même Pontife Romain ce qui concerne la foi ou les moeurs, s’accordent sur un point de doctrine à tenir de manière définitive.

        § 3. Aucune doctrine n’est considérée comme infailliblement définie que si cela est manifestement établi.

Note 3 : Can. 750 – On doit croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition, c’est-à-dire dans l’unique dépôt de la foi confié à l’Église, et qui est en même temps proposé comme divinement révélé par le magistère solennel de l’Église ou par son magistère ordinaire et universel, à savoir ce qui est manifesté par la commune adhésion des fidèles sous la conduite du magistère sacré; tous sont donc tenus d’éviter toute doctrine contraire.

Note 4 : Les deux degrés de réception du magistère ordinaire sont :

  • La soumission religieuse : Can. 752 – Ce n’est pas vraiment un assentiment de foi, mais néanmoins une soumission religieuse de l’intelligence et de la volonté qu’il faut accorder à une doctrine que le Pontife Suprême ou le Collège des Évêques énonce en matière de foi ou de mœurs, même s’ils n’ont pas l’intention de la proclamer par un acte décisif; les fidèles veilleront donc à éviter ce qui ne concorde pas avec cette doctrine.
  • La révérence religieuse : Can. 753 – Les Évêques qui sont en communion avec le chef du Collège et ses membres, séparément ou réunis en conférences des Évêques ou en conciles particuliers, bien qu’ils ne jouissent pas de l’infaillibilité quand ils enseignent, sont les authentiques docteurs et maîtres de la foi des fidèles confiés à leurs soins; à ce magistère authentique de leurs Évêques, les fidèles sont tenus d’adhérer avec une révérence religieuse de l’esprit.

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  1. Concernant les définitions
    Concernant les définitions dogmatiques promulguées depuis le Concile de Trente, il me semble que vous avez omis l’Immaculée Conception, proclamée par Pie IX le 8 décembre 1854 (CONSTITUTION APOSTOLIQUE « Ineffabilis Deus »).

    • Filippo-modérateur

      Impardonnable…

      Vous avez bien entendu raison, et je m’en veux d’avoir oublié ce dogme proclamé en 1854. Il est d’autant plus important pour nous français que c’est en 1858 que la Vierge Marie s’est elle-même présentée sous ce vocable à Bernadette Soubirous à Lourdes.

      C’est corrigé, merci, et n’hésitez pas à nous signaler d’autres erreurs ou approximations.

      • Nicolas Envrai

        Excepté le péché contre l
        Excepté le péché contre l’Esprit, rien n’est impardonnable et je ne pense pas que votre oubli entre dans cette catégorie.

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