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Ceux qui sont allés à la messe ce matin ont pu entendre l’Évangile selon saint Marc :

En ce temps-là, parlant à la foule, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »  (Mc  4, 26-29)

Le semeur est sorti pour semer sa semence

Quelle espérance nous donne cette parole ! Une fois que le Royaume de Dieu a été semé en nous, la graine poursuit sa croissance, quoi que nous fassions. Il n’est pas en notre pouvoir de devenir saint, Dieu seul peut nous purifier.

Alors ne nous décourageons pas lorsque nous avons l’impression que tous nos efforts ont été vains, tous nos sacrifices inutiles, et que nous sommes encore plus mauvais que lorsque nous avons commencé à chercher Dieu ! Ce ne sont pas nos efforts, c’est notre désir qui nous rapproche de Dieu. Notre péché même, si nous acceptons de nous laisser relever par Dieu, est encore un engrais pour la semence du Royaume en nous ! Chaque pardon que nous accueillons de Dieu nous rapproche de lui, même si nous avons l’impression que rien ne change.

De même que le blé pousse même si le semeur a oublié l’existence de son champ, de même le Royaume pousse même si nous oublions Dieu pendant des mois ou des années : le jour où nous retournons vers lui, nous ne recommençons pas à zéro : l’épi est plus fort et plus grand qu’il ne l’était.

Dans l’Évangile selon saint Matthieu (Mt 13, 24-30), Jésus explique que Dieu veut laisser pousser en même temps le bon grain et la mauvaise herbe (l’ivraie), de peur d’arracher le blé non encore mûr en même temps que la mauvaise herbe.

Il y a deux critères fondamentaux qui vont déterminer si ce bon grain qui pousse en silence pourra arriver à maturité, ou si la mauvaise herbe va l’étouffer. Car malgré la puissance de Dieu, il ne veut pas forcer notre liberté, et nous pouvons donner un « non » définitif à l’amour de Dieu.

Les deux critères qui peuvent nous donner accès aux fruits de la moisson sont :

– Le désir. Contrairement aux bouddhistes, les chrétiens voient le désir comme quelque chose de bon (bien qu’il puisse être perverti), et même comme quelque chose de fondamental. Dieu se donnera à nous si nous le désirons, ou si nous désirons le désirer. Si ce désir est absent et que nous prions pour désirer, cela nous sera accordé.

– La capacité à accepter les humiliations. C’est le refus absolu de supporter l’humiliation, par exemple l’humiliation de notre faiblesse, l’humiliation d’être aimé de Dieu même avec notre péché et non pas grâce à notre perfection…, qui peut empêcher notre croissance spirituelle, et fermer la porte à Dieu. Toute croissance spirituelle a des moments douloureux, cette douleur prenant souvent la forme d’humiliations.

Il ne s’agit pas de chercher les humiliations, où d’être indifférent dans l’humiliation. Il n’est pas interdit d’être furieux d’être humilié… Mais il s’agit de laisser le temps, avec la grâce de Dieu et l’aide de la prière, cicatriser les blessures, sans chercher à prouver à tout prix que nous sommes meilleurs que nous en avons l’air.

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