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Saint Thomas d'Aquin tenant la Bible
Mi-août, j’ai eu l’occasion de visiter Toulouse. J’ai donc admiré la superbe église des Jacobins (autre nom des Dominicains) une des attractions majeures du centre-ville. Les touristes allaient et venaient comme dans un couvent désaffecté, glorieux témoin d’un passé révolu, comme par exemple l’abbaye de Fontenay en Bourgogne.
 
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir près d’une chapelle latérale un autel sous lequel se trouvent les reliques de saint Thomas d’Aquin, un des piliers centraux de la théologie de l’Église, célébré par le pape Pie XI comme le « docteur commun ou universel1 » de l’Église catholique !
 

Seuls un ou deux petits panneaux signalent sa présence. Seuls quelques bancs entourent l’autel. On ose à peine parler d’une possibilité de recueillement, avec le brouhaha permanent des touristes, puisque rien ne sépare l’autel de la partie « touristique » de l’église.

 
Quelle différence de traitement avec les autres gloires dominicaines et franciscaines ! Qu’on en juge.
 
Le docteur de l’Église franciscain saint Antoine de Padoue dispose pour lui tout seul d’une gigantesque basilique qui voit passer des milliers de pèlerins par jour. Dans le monde entier, la ville de Padoue n’est connue que par le saint qu’elle abrite.
 
Assise également concentre tous les regards du fait de saint François, honoré par une double basilique fréquentée par les pèlerins du monde entier.
 
Saint Dominique est accueilli dans une grande basilique de Bologne, dans un superbe tombeau en marbre, mis en valeur de manière adaptée pour que les fidèles puissent prier ce grand saint fondateur. Nous célébrons d’ailleurs en cette année 2015 le 800e anniversaire de la fondation de l’ordre dominicain en 1215 à Toulouse.
 
Certes, les huguenots2 et la Révolution française sont passés par là, chassant les dominicains de Toulouse et obligeant les religieux à cacher les reliques de saint Thomas pendant très longtemps.
 
Mais on est en droit de se demander pourquoi, aujourd’hui, on ne pourrait pas trouver une meilleure solution pour offrir aux fidèles un lieu de vénération plus adapté à un saint aussi illustre.
 
Doit-on y voir une manifestation de la difficulté contemporaine à accepter l’idée qu’il y a des vérités « dures », des vérités qui ne peuvent pas être remises en question au gré des caprices des hommes ? En tout cas, à une époque aussi relativiste3 que la nôtre, il est important de nous rappeler que nous avons un grand besoin de l’exemple et de l’intercession de cet amoureux de la vérité qu’était saint Thomas.
 
 
1. « Quant à Nous, Nous trouvons si justifiés les magnifiques hommages rendus à ce génie vraiment divin que, à Notre avis, il convient d’appeler non seulement Docteur angélique, mais encore le docteur commun ou universel de l’Église, celui dont l’Église a fait sienne la doctrine, comme le prouvent tant de documents de toute sorte. » Pie XI, Studiorum ducem, No. 11
 
2. Huguenots est le nom donné par les catholiques aux protestants lors des guerres de religion. En mai 1562, les huguenots se sont emparés de la ville de Toulouse, ont saccagé le couvent des Jacobins et porté atteinte aux reliques de saint Thomas.
 
3. « L’on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs. » Cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI), Messe précédant le conclave de 2005

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